Ouragan Matthew - Bulletins d'information
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03/02/2017 - Bulletin n°17 Le cyclone Matthew n’a pas épargné les écoles du Sud et de la Grand’Anse dotées du Tableau Numérique Interactif.
19/11/2016 - Bulletin n°16 Première réhabilitation d'école ! Le premier chantier de réhabilitation d'école concernait l'école de la Mission Baptiste (MEBSH) de Picot (2ème section rurale de Camp-Perrin) que nous avons présentée dans notre bulletin n°14. Les matériaux (tôles et poutres pour les charpentes) avaient été livrés par Oxfam et les ouvriers avaient reçu une formation à la construction paracyclonique avant de démarrer le chantier. Cette importante école (350 enfants) avait été choisie parce qu'elle était en mesure d'accueillir, une fois réhabilitée, une deuxième vacation d'élèves d'une autre école l'après-midi. La direction de l'établissement ayant souscrit à cette démarche "solidaire", le chantier pouvait démarrer sans délai. Nous avons reçu en début de semaine le compte-rendu de chantier de Thomas Graveleine, Volontaire de Solidarité Internationale d'Haïti Futur pour le département du Sud: Le chantier de Picot s'est terminé mardi 8 novembre pour la charpente, et jeudi 10 pour les dernières finitions de maçonnerie. La charpente est vraiment belle. Concernant la maçonnerie, nous avons fait tomber les pignons des murs intermédiaires. Sans chaînage, ils menaçaient de tomber sur les élèves ! Nous avons dû rehausser un peu le mur à l’extrémité pour atteindre les 30 degrés de pente du toit recommandés dans les constructions paracycloniques.
L'inauguration
07/11/2016 - Bulletin n°15 Rapport sur le jardin botanique des Cayes Ce jeudi 3 novembre, j’ai visité le jardin botanique à la demande du coordonnateur. J’avais pris rendez-vous avec l'Agronome Cinéa mais j’ai été accueillie par l'Agronome Jones Silien qui m’a fait un rapport sur le niveau de perte et m’a fait visiter le jardin pour prendre quelques photos. D’une manière générale, les 8 hectares de terre ont été touchés mais le niveau de perte est plus élevé dans certaines parties que d’autres. Leur plus grande perte concerne la serre, en particulier la partie conservatoire des plantes endémiques et des plantes natives qui est totalement détruite. La pépinière, là où l’on fait la reproduction des plantes est gravement touchée à cause de gros arbres qui se sont abattus sur cet espace et le système d'irrigation du jardin a été détruit par l’inondation qui s’est produite quelques jours après l'ouragan. Il faut noter aussi qu’il n’y a plus de route pour entrer dans le jardin botanique à cause de cette inondation. Une bonne partie de la terre à coté de la rivière est déboulée et cette partie de terre était la première qui servait à l’entrée du jardin. En gros sur l’ensemble des pertes, ils ont évalué un déficit de $40.000 US parce que ce sont les parties les plus coûteuses et les matériels techniques les plus importants qui ont été endommagés. Pour le moment, leurs premières nécessités sont la reconstruction de la serre pour protéger le peu qui reste de plantes endémiques, le système d'irrigation, la réparation de leur bureau parce que la maison aussi a été endommagée et la construction d’un pont pour accéder au jardin. D’après Agronome Jones, ils ont trouvé beaucoup d’aide technique mais rien sur le plan économique. Voilà le bilan du passage de l’ouragan et de l’inondation au jardin botanique des Cayes. Je vous adresse quelques photos du désastre. Hermine Rendel (Haïti Futur - département du Sud) Haïti Futur a une relation particulière avec le jardin botanique des Cayes. En effet, dans le cadre des formations d'été 2016, nous y avons organisé des visites pour les enseignants afin d'illustrer sur le terrain les différents cours de sciences expérimentales. A l'issue de ces visites, beaucoup d'enseignants nous ont remerciés en avouant que c'était la première fois qu'ils s'y rendaient et qu'ils avaient mieux compris certains des cours du programme de sciences expérimentales "Les plantes du milieu"... (Haïti Futur va apporter un soutien financier à la reconstruction du jardin botanique. Pour contribuer à cette action, vous pouvez adresser un chèque à l'ordre d'Haïti Futur - à l'adresse suivante : Haïti Futur, 28 place Jeanne d'Arc 75013 Paris en précisant au dos du chèque "Jardin botanique des Cayes").
01/11/2016 - Bulletin n°14 Premier chantier ! La première réhabilitation d'écoles a démarré le 25 octobre avec l'école de la Mission Baptiste (MEBSH) de Picot (2ème section rurale de Camp-Perrin). Cette école compte 12 salles de classe et accueille 350 élèves (de la maternelle au secondaire). Ce premier chantier s'inscrit dans le programme de réhabilitation de 40 écoles, publiques et privées, établi avec l'inspecteur principal du Ministère de l'éducation nationale haïtien et associant plusieurs partenaires : OXFAM pour les matériaux, CDAM (Ecole des Salésiens des Cayes pour la formation), PROTOS pour la réhabilitation des toilettes des écoles, Fondation de France et tous les amis d'HF pour le financement des travaux ). La réhabilitation a été précédée d'une formation des boss (contremaîtres) et des ouvriers aux normes paracycloniques. [Reportage photos : Thomas Graveleine, Volontaire de Solidarité Internationale (VSI) d'Haïti Futur dans le Sud]. 30/10/2016 - Bulletin n°13 Hommage à toutes les victimes oubliées ! Dans le Nouvelliste du 26 octobre, le gouvernement fait état des dégâts causés par le cyclone Matthew estimés à près de 2 milliards de dollars, soit 20% du PIB. D'autres sources ramènent le nombre de personnes décédées à moins de 1000 morts. Derrière ces froids bilans remontent des témoignages qui illustrent la réalité dépeinte par les acteurs locaux. L'ancien sénateur de la Grand'Anse, Maxime Roumer, indique dans Le Nouvelliste du 19 octobre avoir enregistré plus de 500 morts dans 3 sections communales de Jérémie et affirme avoir vérifié ses chiffres. L'organisation paysanne MP3K de la 3ème section communale de Camp-Perrin a dénombré 70 personnes décédées et 5 disparus. Sur ces 4 sections communales, le chiffre de 570 morts est dépassé. Qu'en est-il au total des 47 sections communales de la Grand'Anse, des 69 sections communales du Sud, sans oublier celles des Nippes, du Sud-Est et du Nord-Ouest également touchées par l'ouragan ? Ce sont probablement des milliers de victimes décédées et oubliées que le cyclone Matthew laisse sur son lugubre passage. Qu'un dernier hommage leur soit adressé et ce, à chacun d'entre eux !
Mousson, Directrice générale d'ORE à Camp-Perrin, avec qui nous avons mis en place une unité de production de crèmes glacées il y a 3 ans et l'électricité solaire l'année dernière nous écrit : Chers amis, collègues, Les premières photos des effets de Matthew m'ont atterrée, je ne comprenais pas ce que je voyais, un paysage lunaire, sombre, des arbres dénudés avec des branches comme des bras tordus, des membres torturés, brisés; des pans de maisons, des murs, pas de toits... Les appels pour une réponse en urgence ont démarré instantanément, que faire dans l'urgence? Ca c'est facile... mais après? Tous ces mots pour dire d'abord l'effroi et le désespoir de constater que la Nature elle-même avait décidé de tout détruire, de faire table-rase de tous les efforts et de s'auto-détruire... La réponse est venue du terrain lui-même, les arbres torturés ont commencé à... bourgeonner une semaine après! Et donc j'ai voulu savoir si cette expérience avait deja été vécue et apprendre ce qu'on pouvait encore espérer. Ce message est un simple partage avec ceux qui s'interrogent, s'inquiètent ou tout simplement sont intéressés à reprendre, continuer, améliorer nos interventions pour, à la fois, la sauvegarde de la biodiversité, la conservation des espèces endémiques, et aussi la reprise de la production agricole dans un paysage remodelé, semblant cauchemardesque mais pourtant en pleine renaissance... N'hésitez pas à partager toute la connaissance, experience de situation similaire. Voici ce qui me confirme la régénération, l'expérience d'un ami, Charli Etchegoyen, à St Martin en 1995... :
20/10/2016 - Bulletin n°10 Et la lumière fut Joël, responsable d'Electriciens Sans Frontières pour les Antilles, n'était pas retourné en Haïti depuis mai 2014, date à laquelle il était venu signer la convention liant ESF, le MENFP, le MTPTC Haïti Futur pour le programme d'électrification et de déploiement de tableaux numériques dans 500 écoles publiques, financé par la Banque Mondiale. Nous l'avons retrouvé à Camp-Perrin en début de semaine après qu'il a pris l'initiative de se rendre dans le département du Sud pour une première évaluation des besoins en énergie dans les secteurs cruciaux de la santé, de l'habitat et de l'éducation.
18/10/2016 - Bulletin n°9 L'arrache-coeur "Jésus l'a fait" s'affiche fièrement au fronton du tap-tap que nous croisons en pénétrant dans Port-Salut dévasté. "Merci Mon Dieu" nous accompagnera sur quelques kilomètres à sa sortie, tanguant entre les ornières de la route crevassée avant de filer vers Roche-à-Bateau ou Port-à-Piment... Entre ces deux actions de grâce, nous longeons le bord de mer, des kilomètres de côtes essorées que les immenses cocotiers arrachés par les vents ont achevées en écrabouillant les murs de béton que le ciel n'avait pu entamer. Sur la route, nul convoi d'aide humanitaire, nulle mobilisation nationale ou internationale... seules quelques bâches bleues étalées ici ou là signalent qu'un Bon Samaritain a mis les pieds dans la zone depuis 14 jours... 16/10/2016 - Bulletin n°8 Questions à Josette Thomas-Bruffaerts, présidente d'Haïti Futur Haïti Futur fait du redémarrage rapide des écoles une des priorités de la reconstruction après Matthew. Pour quelles raisons ? Lorsque la situation est chaotique, et elle l'est, on se pose la question de savoir par quel bout attaquer la reconstruction. Quand tout est détruit, l'habitat, les cultures, le cheptel, il faut redémarrer par un bout qui va restructurer le tissu social. L'école est un bon moyen de le faire. Au-delà de l'enseignement, l'école apporte un cadre structuré. Pour les enfants qui vont trouver un cadre leur permettant de surmonter le traumatisme au contact de leurs camarades et de leurs enseignants, la vie va reprendre son cours... Le redémarrage de l'école va permettre aux parents d'être plus disponibles pour régler leurs affaires domestiques suite à la catastrophe, sans avoir à s'occuper des enfants toute la journée. Il va également favoriser une assistance alimentaire structurée, par la reprise des cantines scolaires en lieu et place des distributions sauvages souvent inéquitables, dont les plus violents profitent. On peut aussi envisager que l'école soit un lieu de distribution de plantules aux familles pour encourager le reboisement. C'est aussi dans l'école que les actions d'éducation sanitaires auront le plus de portée. Je pense bien sûr d'abord à la prévention du choléra. Ces actions ne peuvent se faire qu'à l'école, dans un pays où l'habitat est très dispersé. Comment comptez-vous procéder ? Avec qui ? Avec quels moyens ? A travers les agences "d'aide d'urgence" (je préfère ce mot à "humanitaires"), il y aura bientôt un afflux de matériaux (tôles, bois, clous, ciment, outillage...) mais il y aura des chaînons manquants qu'Haïti Futur se propose de remplir sans délai : - l'évaluation des travaux à effectuer, - le pilotage des chantiers (avec un contrôle du respect des normes paracycloniques), - le paiement de la main d'oeuvre. Haïti Futur se propose de remettre en état une quarantaine d'écoles (30 pour le district Camp-Perrin-Maniche et 10 aux Abricots) dans les deux ou 3 mois qui viennent. Nous espérons que cet exemple sera suivi par d'autres structures et organisations partenaires du Ministère, de manière à ce que la totalité des écoles endommagées soient à nouveau opérationnelles très rapidement. Selon quels critères ces écoles seront-elles choisies, sachant qu'il y a plus de 150 écoles dans le district, endommagées à plus de 80% pour la plupart ? Il faut des critères qui ne soient pas liés au statut de l'école (privé, public etc.) mais à une analyse réaliste de la situation: 1) L'effectif et la volonté de partage. Les établissements accueillant le plus d'enfants et dont les directeurs accepteront la mise en place d'une double vacation seront favorisés. Cette double vacation permettra à des élèves dont l'école est détruite de venir en classe après la vacation du matin dans une école déjà réouverte. 2) Le niveau de destruction. Nous commencerons avec les écoles où les travaux seront les moins importants afin que les enfants puissent rentrer le plus vite en classe. 3) Le critère spatial. Nous veillerons à une dispersion spatiale bien équilibrée afin de ne pas défavoriser une fois de plus les zones les plus reculées des sections rurales ("le pays en dehors"). Vu l'ampleur des dégâts, personne n'est capable de régler les problèmes tout seul. Une coordination et une collaboration entre tous les acteurs du secteur éducatif est indispensable. N'oublions pas qu'il y a 80% d'écoles privées en Haïti mais elles remplissent une mission de service public. Si nous voulons renforcer la gouvernance de l'état (pour que ce chaos ne se reproduise plus), nous devons travailler ensemble. C'est pour cette raison que nous rencontrons régulièrement l'Inspecteur de zone M. Jolivert Pierre pour faire le point sur la situation et pour éviter des doublons ou des absences dans le choix des établissements. Concrètement aujourd'hui, où en êtes-vous ? A ce jour les matériaux ne sont pas encore disponibles (nous espérons qu'ils le seront d'ici quelques jours). Dans l'urgence, nous avons commencé à intervenir sur des écoles qui ne nécessitaient pas de trop de matériaux. Yohann a piloté la réhabilitation de 3 salles de classe à l'école de Rhé en utilisant les tôles existantes et en mastiquant. Dès demain il bâchera 2 autres classes. Vivens continue son état des lieux détaillé des écoles du district pour répertorier leur degré d'endommagement (toiture, charpente, murs etc.). Les 2/3 des écoles ont été répertoriés à ce jour. Thomas commence à réclamer des devis et à identifier les contremaîtres-couvreurs avec lesquels nous allons pouvoir travailler et envisager les différentes techniques de reconstruction à mettre en oeuvre. Il est indispensable de ne pas refaire les erreurs de construction qui ont abouti à ce désastre. Une leçon qui ne semble pas avoir été apprise avec les reconstructions de l'après-séisme. Et le programme d'éducation numérique pour lequel vous travaillez depuis plus de 6 ans ? Matthew l'a-t-il enterré ? Matthew n'a enterré aucun de nos programmes. Au contraire il a confirmé l'importance des projets entrepris. Nous continuons notre travail dans les départements peu ou pas touchés par l'ouragan. A Jacmel, Marianne a organisé avec l'Université Notre-Dame et Haïti Futur une formation de formateurs du 5 au 15 octobre pour la Faculté des Sciences de l'Education. Mais pour la Grand'Anse et le département du Sud il faut rester réaliste. Nous ne pouvons continuer en l'état la diffusion des tableaux numériques et les formations car les écoles sont fermées, les matériels et les sources d'énergie endommagés. Cela va prendre du temps pour tout remettre en état, deux, trois ou 6 mois selon les cas. Mais au fur et à mesure que les écoles rouvriront, nous reprendrons notre programme et nos formations car c'est l'avenir du pays qui est en jeu.
15/10/2016 - Bulletin n°7 Chaque goutte compte Lorsque le colibri veut prendre sa part pour éteindre l’incendie, il ne peut le combattre que goutte après goutte, qu’il déverse une par une sur le brasier. Nous nous sentons très colibris ces jours-ci, et un peu seuls. La station de purification d’eau Sun WaterLife que nous avons apportée de Paris dans nos bagages en début de semaine a été mise en marche hier après-midi dans les hauteurs de Rhé (3ème section rurale de Camp-Perrin) près d’une source qui se déverse dans la ravine. Cette station de 26 kg a été transportée par moto dans une zone où le dénuement est total pour des centaines de personnes qui ont tout perdu et n’ont reçu aucune aide extérieure depuis plus d’une semaine… Totalement autonome grâce à ses panneaux solaires amovibles, la station de purification peut traiter 300 litres d’eau/heure et couvrir les besoins journaliers de 400 personnes environ. C’est une petite unité mobile dont les membranes des filtres bloquent le virus du choléra mais conservent les sels minéraux. Nous avons été surpris par la facilité de mise en route du dispositif qui a été opérationnel en moins d’une heure. Yohann qui a transporté et installé la station nous a précisé que les principaux problèmes auxquels il a été confronté ne sont pas d’ordre technique. Il lui a fallu : - choisir un point d’eau disposant de suffisamment de débit et accessible à la population environnante très dispersée, - expliquer à ceux qui doutaient de l’efficacité du traitement de l’eau de la rivière que la station, même si elle n’est pas imposante - elle a la taille d’une valise – produit une eau saine qui ne propagera pas de maladies, - trouver un local sécurisé pas trop éloigné du point d’eau pour stocker la station pendant la nuit car le lieu de traitement est trop difficile d'accès pour envisager de remonter la station chaque jour du bourg, - identifier les personnes bien formées qui feront fonctionner la station et organiseront la distribution d’eau pendant plusieurs semaines. Par chance, une petite structure communautaire de la zone pourra prendre en charge le fonctionnement quotidien de la station. Peut-on imaginer que cette opération soit reproductible à plus grande ampleur ? Que le colibri fasse place à une escadrille de Canadair ? Dans la course de vitesse à mener contre les épidémies qui menacent, cette technologie légère reproduite à grande échelle peut être une solution pour toucher ceux qui sont trop éloignés des centres de distribution d’eau installés dans les bourgs. Elle peut même être une solution pérenne d'accès à l'eau potable dans les zones reculées. Mais cela suppose des moyens et de la... volonté.
14/10/2016 - Bulletin n°6 Pa gen lavi anko * Le 12/10/2016, soit 8 jours après le passage de l'ouragan Matthieu, classé en catégorie 4 (vents supérieurs à 200 km/h détruisant l'ensemble des habitations précaires, nombreuses en Haïti).
L'aide internationale ou gouvernementale pourrait ou aurait déjà du intervenir auprès de ces personnes. Mais, il n'en est rien. Après 8 jours, les habitants de Rhé n'ont vu personne pouvant leur venir en aide et sont démunis, désemparés face aux situations complexes qui se présentent à eux. A l'heure où la France est capable de sauver 400 emplois à des coûts exorbitants, qui plus est en achetant du matériel qui ne servira pas de façon optimale; il serait peut être bon que celle-ci soit capable de venir en aide à ces personnes dont la vie est en jeu (et non l'emploi…). N'oublions pas le passé de la France en Haïti et essayons de nous acquitter de cette "dette morale" d'une façon qui pourrait grandir la France.
13/10/2016 - Bulletin n°5 Vers le Sud Nous quittons Port-au-Prince mardi matin, laissant derrière nous l’habituelle frénésie d’une ville qui semble tout ignorer du drame qui s’est joué une semaine auparavant dans 3 départements à moins de 300 km. Au fur et à mesure que nous progressons vers le Sud, le paysage change. D’abord des champs de bananiers décapités, puis des arbres arrachés de plus en plus nombreux, de plus en plus épais. Les maisons sur le bord de la route ou à flanc de mornes montrent de plus en plus souvent leur charpente nue, les toitures s’étant envolées avec l’ouragan et l’on devine qu’à l’intérieur de ces 4 murs, il n’y a plus rien. Leurs habitants s’activent alentour, des objets de toute sorte jonchent le sol et tentent de sécher entre deux averses. Parfois des bouts de toiture scintillent au soleil : ce sont les premières tôles toutes neuves que l’on vient juste de remplacer. Ces éblouissements se répéteront de plus en plus souvent sur les habitations qui longent la route principale qui a été rapidement dégagée. Jusqu’à St-Louis du Sud, vu de la route nationale 2, l’ouragan semble n’avoir fait que des dégâts matériels. Et les seuls camions de ravitaillement que nous doublons sur notre chemin sont chargés de bouteilles de Coca Cola et de Cola Couronne… A mesure que l’on se rapproche de Cavaillon, les maisons éventrées sont de plus en plus nombreuses, des trouées de plus en plus larges laissent deviner le nombre considérable d’arbres arrachés. La disparition du feuillage des arbres qui ont résisté modèle un paysage d’hiver jamais vu ici. C’est dans cette atmosphère de progressif anéantissement que nous arrivons aux Cayes et que nous prenons la route de Camp-Perrin. La population est toujours aussi nombreuse à la sortie des Cayes. Nous remarquons des taxis-moto transportant des tôles neuves roulées. Elles se dirigent toutes vers la zone de Camp-Perrin-Maniche où nous allons bientôt découvrir la désolation… Dès l’arrivée au-dessus de la ville, la vision est terrifiante : presque aucun arbre intact, la quasi-totalité des maisons touchées – toits arrachés et donc « lessivées » de l’intérieur. Beaucoup de maisons en béton ont eu leurs portes et fenêtres arrachées. La route du Haut et du Bas Camp a été dégagée depuis plusieurs jours. Les toitures des personnes les mieux loties sont déjà en cours de réparation, j’aperçois un ouvrier enfonçant ses clous dans la tôle neuve à l’aide d’une grosse pierre faisant office de marteau. Mais nous allons vite découvrir que la situation est bien pire que nous pouvons l’imaginer en traversant le centre-ville. Un cas d’écoles Un comité de citoyens s’est réuni dans les locaux de la Protection civile 2 jours après l’ouragan pour faire un premier bilan et répertorier les besoins les plus urgents. Constitué de jeunes désireux d’agir, de personnes influentes de la communauté et d’organisations de la société civile, il a travaillé simultanément et prioritairement sur plusieurs axes : a) Répertorier les familles en très grandes difficultés, celles qui ont tout perdu et se retrouvent sans ressource. b) Qualifier les trois priorités : eau, alimentation, abris. c) Repérer les écoles de la zone pouvant reprendre le plus vite possible une activité normale afin de donner un cadre structurant à des enfants le plus souvent choqués par ce qu’ils ont vécu. Ce comité, pour lequel la dizaine de techniciens d’Haïti Futur du Sud a immédiatement apporté son soutien actif s’est rapproché de l’organisation humanitaire Oxfam basée aux Cayes qui a été très active dès le lendemain de l’ouragan pour évaluer les dégâts et orienter les premiers secours. Pour la commune de Camp-Perrin qui compte 45 000 habitants, le bilan officiel est de 45 victimes et 24 disparus (source Protection civile). Tous les intervenants sur le terrain considèrent cependant que le nombre de disparus et de victimes encore non identifiées portent plus vraisemblablement ce chiffre à une centaine de personnes. Comme ces paysans qui récoltaient des pois dans les mornes et dormaient sur place dans des ajoupas de feuillages et qui, surpris par l’ouragan en ont été les premières victimes. Cette réalité se heurte au discours de l’état qui minimise le bilan alors que tous les indicateurs montrent que celui-ci va bien au-delà des chiffres donnés les premiers jours. Sur le terrain, la stratégie du comité et d’Haïti Futur porte sur : L’eau Oxfam a installé dès les premiers jours qui ont suivi l’ouragan un important centre de distribution d’eau chez ORE (partenaire d’Haïti Futur pour la production de crèmes glacées). Même si Haïti Futur a apporté une station de purification d’eau installé à Ré, de l’autre côté de la ravine, l’urgence consiste à réparer le réseau d’alimentation d’eau. Les intervenants capables d’effectuer ces réparations ont été sollicités et les travaux démarreront dès la réception des pièces manquantes en cours d’achat à Port-au-Prince. Un appel sera lancé aux abonnés de ce réseau d’alimentation d’eau pour qu’ils acceptent de financer une part des travaux sous la forme d’un paiement anticipé de l'abonnement des 10 prochains mois. Les écoles Sur les 102 écoles de Camp-Perrin et les 55 écoles de Maniche, 24 servent actuellement d’abris pour ceux qui ont perdu leur habitation. Toutes les écoles qui n’avaient pas de toiture en béton ont vu celle-ci emportée et parfois les murs détruits par des chutes d’arbres. Les écoles les moins endommagées servent d’abris dans des conditions d’hygiène et de salubrité insoutenables pour des dizaines et des dizaines de personnes. La priorité est donc la réouverture rapide des écoles, proposition partagée par l’inspecteur de district et le directeur départemental du MENFP. La réouverture des écoles permettra aux enfants les plus traumatisés de retrouver le plus rapidement possible un environnement rassurant. La reprise de l’activité scolaire facilitera le contact avec les parents et permettra de récolter des informations sur les familles les plus démunies. Si des cantines scolaires pouvaient être mises en place, elles permettraient d’assurer aux plus jeunes le repas quotidien qu’ils n’ont pas tous actuellement. Les écoles pourraient également devenir des centres de distribution structurés de l’aide, à la place des lieux de distribution sauvage qui profitent aux plus forts. Ces écoles pourraient fonctionner en deux ou trois vacations par jour afin qu’un maximum de classes puissent en bénéficier. C’est dans ce cadre qu’Haïti Futur s’est engagé à remettre en état une trentaine d’écoles dans les semaines qui viennent. Nos partenaires ont été sollicités pour fournir les matériaux (tôles, clous, outillage) et Haïti Futur prendra en charge la rémunération des ouvriers et des boss, et assurera le pilotage de ces chantiers. Communication Le réseau téléphonique a été coupé pendant les 8 premiers jours (en partie rétabli depuis mercredi) mais l’absence d’électricité rend le contact avec certaines zones toujours aussi difficile (les téléphones sont déchargés, les relais endommagés, les chemins souvent inaccessibles).
Alerte Nous continuons d’alerter chaque jour les autorités françaises en Haïti sur la gravité de la situation. Nous savons que Camp Perrin n’est pas la seule des zones ayant été très durement touchées. Les informations qui nous arrivent des Abricots par exemple, où nous sommes très présents avec notre programme d’éducation numérique, sont dramatiques et ne rencontrent pas l’écho médiatique qui pourrait « réveiller les consciences ». Stratégie Notre stratégie a consisté à établir le plus rapidement possible un état des lieux précis des besoins les plus urgents. Nous nous sommes focalisés en coordination avec le comité et les organisations les plus actives sur la problématique de l’eau et des écoles que nous souhaitons voir redémarrer le plus rapidement possible. C’est sur ces objectifs que nous alertons chaque jour nos interlocuteurs en France et en Haïti qui ne prennent pas toujours la pleine mesure de l’ampleur de la catastrophe...
10/10/2016 - Bulletin n°4 Pour ce Bulletin N°4, nous avons échangé avec Christian Fauliau, membre d’Haïti Futur qui a une solide expérience des situations de crise. Voici le résultat de nos premières réflexions inspirées de ses recommandations. 8/10/2016 - Bulletin n°3 : les priorités 1. Le pont écroulé de Petit Goave, seule voie pour atteindre le Sud a été doublé par un passage à gué praticable par les 4X4 mais pas encore par les véhicules lourds. 2. Cela va nous permettre, Jean Claude et moi, de rejoindre Camp Perrin après l'arrivée de Jean Paul et Yohann. 3. A Camp Perrin, l'équipe d'Haiti Futur participe activement à l'évaluation des besoins pour faciliter l'arrivée des secours qui , nous l'espérons, ne tarderont pas. 4. Ici à Port au Prince, l'Ambassade de France coordonne les actions à venir de la France, un officier du corps de pompiers de Guadeloupe est arrivé pour analyser la situation et voir les besoins. Même si les logisticiens de l'humanitaire aiment être sur les axes routiers et dans les bourgs, il ne faut pas oublier que 90% de la population habitent dans les sections rurales et 10% dans le bourg. JBT 7/10/2016 - Bulletin n°2 : le bilan de Matthew va continuer à s'alourdir Les Nations Unies parlent de 350 000 personnes en détresse, le Ministère de l'intérieur a ré-évalué à plus de 100 morts le nombre de victimes. Nos équipes participent à l'évaluation des dégats sur Camp Perrin. Ceux ci sont massifs. Camp Perrin, cette commune de plus de 43 000 habitants (estimation de l'institut de statistique de janvier 2012) est probablement sinistrée à plus de 90%. L'urgence va très vite se poser en terme de nourriture, d'eau potable et de reconstruction rapide d'abris couverts (bâches, tôles). La destruction des cultures, des arbres et des cheptels rend vitale la rapidité des secours (de l'ordre de quelques jours) pour la population. 5/10/2016 - Bulletin n°1 : nouvelles de la presqu'île du Sud Les nouvelles arrivent peu à peu du Sud car la route est bloquée avec l'écroulement du pont de Petit Goave et les réseaux de téléphone et d'internet ne fonctionnent pratiquement pas. L'absence d'électricité ne permet plus de recharger les batteries de téléphone. Thomas, volontaire d'Haiti Futur à Camp Perrin et Vivens, notre coordonateur pour le sud nous ont donné les informations suivantes: De la région de Jérémie, peu de nouvelles. Les rares nouvelles sont aussi alarmantes pour Jérémie, Bonbon, Anse du Clerc, les Abricots, Dame Marie qui sont dévastées. Anse à Veau est sous les eaux. Deux ponts menant à la Grande Anse sont tombés. |
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