Réhabilitation de 40 écoles en Haïti après l'ouragan Matthew

« Le cyclone Matthew a précipité la pire crise humanitaire en Haïti depuis le séisme de 2010. Cet ouragan de catégorie 4 est passé sur le sud-ouest d'Haïti avec des vents de 235 km/heure le 4 Octobre 2016 ». Stephen O'Brien, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires. Le 4 octobre 2016, l'ouragan Matthew a dévasté les départements du Sud et de la Grande Anse. UNICEF estime à 75% le nombre d'écoles endommagées ou détruites. Face à l'urgence de la situation, et avec le financement de la Fondation de France, Haïti Futur a monté un projet de réhabilitation rapide de 40 écoles dans les départements du Sud et de la Grande Anse, en coordination avec le Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) soutenu par UNICEF. Soucieux de la durabilité des ouvrages réhabilités, Haïti Futur s'est imposé de suivre les normes de construction para-cyclonique, tout en se conformant aux normes éditées par le Génie Scolaire du MENFP et par le Code National du Bâtiment Haïtien (CNBH). Pour cela, Haïti Futur a formé ses équipes grâce à un partenariat avec le Centre Diocésain des Arts et Métiers des Caves (CDAM), réputé pour son savoir-faire en la matière. Pour contribuer à la reprise de l'activité économique locale, Haïti Futur a recruté plusieurs équipes entièrement locales, originaires des deux départements, et s'approvisionne en matériaux de construction auprès d'un fournisseur des Cayes. Afin de capitaliser cette expérience, Haïti Futur a réalisé un documentaire Siklòn pap kanpe lekòl et une série de capsules vidéo de sensibilisation aux normes de construction para-cyclonique, à destination des établissements scolaires professionnels et du grand public. Ce programme que nous détaillons ci-après a pu être réalisé grâce au soutien de nombreux partenaires, et en premier lieu la Fondation de France, et à la générosité de dizaines de donateurs qui ont répondu très rapidement à l'appel de fonds que nous avons lancé dès le mois d'octobre 2016. 1. Le programme 1.1 Situation des écoles du Sud et la Grande Anse après l'ouragan Matthew Dans le département du Sud, une évaluation du niveau d'endommagement des écoles des communes Camp Perrin et Maniche a été réalisée avec le concours de l'inspecteur académique, M. Pierre JOLIVERT, de la Protection Civile, de la société civile, et d'Haïti Futur. Sur les 102 établissements scolaires recensés dans la commune de Camp Perrin, du préscolaire au secondaire, 87 ont pu être évalués le 10 Octobre 2016. Les autres établissements étaient alors inatteignables. 24 établissements étaient utilisés comme abris pour la population, 76 établissements étaient endommagés, dont 34 avaient perdu totalement leur toiture, 11 établissements étaient totalement détruits.

Etat des lieux à Camp-Perrin

Sur les 55 établissements scolaires recensés dans la commune de Maniche, du préscolaire au secondaire, 43 ont pu être évalués le 18 Octobre 2016. Les autres établissements étaient alors înatteîgnables. 16 établissements étaient utilisés comme abris pour la population, 38 établissements étaient endommagés, dont 17 avaient perdu totalement leur toiture, 8 établissements étaient totalement détruits.

Etat des lieux à Maniche

Ces communes n'étaient pas sur la trajectoire directe de l'œil de l'ouragan, maïs le niveau de dégâts constaté laisse penser que la formation de tornades a aggravé le pouvoir destructeur de l'ouragan. La topologie des communes enclavées au pied du massif du mont Macaya a pu provoquer ce phénomène. Dans le département de la Grande Anse, la commune des Abricots était sur la trajectoire de l'œil du cyclone. Les 10 écoles des mornes de la Fondation Paradis des Indiens (qu'Haïti Futur soutient depuis plus de 20 ans), et son école centrale, ont été touchées, que ce soit au niveau des bâtiments abritant les salles de classe (toit et charpente arrachés, murs endommagés, mobilier cassé), au niveau des toilettes extérieures (local détruit) ou au niveau des équipements techniques (panneaux solaires effondrés, matériel informatique endommagé, etc.). Au total, cela représente plus de 24 bâtiments endommagés soit au niveau du toit et de la charpente, soit au niveau des murs. Le tableau ci-dessous dresse un état des lieux de la situation des écoles de la fondation :

1.2. Objectifs du projet et bénéficiaires Objectif général : Redonner aux enfants un cadre scolaire en réhabilitant 40 bâtiments scolaires, en privilégiant un retour le plus rapide possible à l'école, tout en intégrant la population locale dans la réalisation des travaux. Objectifs spécifiques : 1. Contribuer à la réhabilitation de 40 écoles par la réhabilitation de 30 écoles des communes de Camp Perrin et Maniche dont les toitures ont été emportées par l'ouragan Matthew, et participer à la réhabilitation du complexe scolaire de la Fondation Paradis des Indiens, aux Abricots, qui comprend 10 écoles. 2. Intégrer les parents d'élèves et la population locale aux travaux de réhabilitation afin de leur fournir une formation professionnelle tout en relançant l'activité économique locale. 3.Capitaliser les enseignements issus de ces travaux en réalisant un documentaire et des capsules vidéo pouvant être utilisés en formation professionnelle et en actions de vulgarisation. Bénéficiaires : Via la réhabilitation des bâtiments scolaires, les bénéficiaires directs sont les enfants de Camp Perrin, de Maniche et des Abricots, privés d'un cadre scolaire depuis que leur école a été endommagée par l'ouragan Matthew. Cible : 8 000 enfants et jeunes de moins de 20 ans. 1.3. Résultats attendus et indicateurs vérifiables Résultats attendus 1. Réhabilitation de 30 écoles sur les communes de Camp Perrin et Maniche. (R1) 2. Tournage, réalisation et diffusion du documentaire et des capsules vidéo (R2) 3. Appui à la réhabilitation du complexe scolaire de la Fondation Paradis des Indiens aux Abricots. (R3] Indicateurs vérifiables Indicateurs pour RI : - I1.1. : Nombre d'écoles réhabilitées à Camp Perrin et Maniche - I1.2. : Nombre d'élèves bénéficiaires à Carnp Perrin et Maniche Indicateurs pour R2 : - I2.1. : Réalisation du documentaire retraçant le projet - I2.2. : Nombre de capsules vidéo réalisées Indicateurs pour R3 : - I3.1. : Nombre d'écoles réhabilitées aux Abricots avec la Fondation Paradis de; Indiens - I3.2. : Nombre d'élèves des Abricots dans les écoles réhabilitées de la Fondatior Paradis des Indiens 1.4 Volet financier Ressources Les ressources affectées à ce programme proviennent de:

1.5 Equipe projet et partenaires Présidente Haïti Futur Josette BRUFFAERTS-THOMAS Coordinateur du projet Thomas GRAVELEINE (Volontaire de Solidarité Internationale) Ingénieur en génie civil Remy RIVIER (bénévole) novembre à décembre 2016 Architecte Julie MARTEN (bénévole), novembre à décembre 2016 Ingénieur en génie civil Bazelet SAINT LOUIS (prestataire haïtien), février à juin 2017 Spécialistes en génie civil Thibaud NUSSBAUM et Mathilde PESHANG (Volontaires du Service Civique), avril à octobre 2017 Consultants Jean SPRUMONT et Jean-Claude BRUFFAERTS (bénévoles) Trésorier Haïti Futur Jean-Paul MARILLIER assisté de Ghislaine MARILLIER (bénévoles)     PARTENARIATS   - Le Centre Diocésain des Arts et Métiers aux Cayes (CDAM), pour la formation technique des contremaîtres et des ouvriers - PROTOS, pour la réhabilitation des latrines des écoles - France Volontaires, pour l'accueil et le suivi des volontaires 2. Réalisations 2.1. Coordination avec les autorités et les acteurs de l'Education Dans le département du Sud, Haïti Futur a travaillé en étroite coordination et en toute transparence avec les délégataires de l'autorité ministérielle du MENFP et avec UNICEF. Le projet d'Haïti Futur a été validé par le Directeur Départemental de l'Education, Mr Jean Millor DORVAL, et par le maire principal de la commune de Carnp Perrin, Mr Enor TILUS. Mr MORVAL anime avec l'appui d'UNICEF, représenté aux Cayes par l'Officier d'Education Mlle Aurore DELCOURT, la table sectorielle de l'Education à laquelle a participé Haïti Futur avec l'ensemble des acteurs de l'Education, tels que Save The Children, ACTED, AVSI, Architecte de l'Urgence - France, FAES, la FEPH, le CEEC,... La cohérence du choix des écoles sélectionnées pour le projet d'Haïti Futur a été assurée par des rencontres régulières avec l'inspecteur académique du district scolaire de Carnp Perrin et Maniche, M. Pierre JOLIVERT. Aux Abricots, la participation d'Haïti Futur au projet de réhabilitation des écoles de la Fondation Paradis des Indiens a été validée par son Conseil d'Administration, réuni le 15 janvier 2017 à Jérémie. 2.2. Actions de formation Pour instaurer des techniques de construction para-cyclonique et améliorer la durabilité des bâtiments, les contremaîtres et les ouvriers charpentiers recrutés ont reçu une formation professionnelle dispensée par les professeurs du Centre Diocésain des Arts et Métiers (CDAM] des Cayes. A l'issue du projet, cette formation donnera accès à un certificat professionnel délivré par le CDAM. La formation a été montée en partenariat avec l'organisation PROTOS, qui achevait un programme d'installation de sanitaires et de points d'adduction d'eau dans 25 écoles de Camp Perrin. La première journée de formation théorique a eu lieu le 26 Octobre 2016. Elle a permis de former 12 « boss charpentiers » pour Haïti Futur. Programme de la 1ère journée de formation théorique

Pour la mise en application pratique de la formation, Haïti Futur et le CDAM ont créé un chantier-école, supervisé dans son intégralité par Mr Pierre BAZELAIS, professeur du CDAM, sur le site de l'école MEBSH de Picot à Camp Perrin. Les travaux ont porté sur la réhabilitation du bâtiment principal de 9 salles de classes. Suite à cette formation, deux « boss charpentiers » ont rejoint les Abricots pour soutenir le projet de réhabilitation des écoles de la Fondation Paradis des Indiens. Ils sont revenus en d écembre 2016 à Camp Perrin pour finaliser leur formation sur le chantier de l'école CEBAC dont la toiture est particulièrement complexe. Les dix autres « boss charpentiers » ont été divisés en deux équipes. Les deux meilleurs de chaque équipe ont été associés en binôme pour diriger les chantiers pendant toute la suite du projet. L'ingénieur en Génie Civil Rémy RIVIER et l'architecte Julie MARTENS ont prolongé la formation des « boss charpentiers » en Novembre et Décembre 2016. Ils ont notamment imposé le travail systématique à partir de plans d'architecture. En mars 2017, une troisième équipe a été formée par le CDAM pour accélérer le projet d'Haïti Futur. L'ingénieur Bazelet SAINT LOUIS est venu se former à Camp Perrin à la coordination de projet de Février à Avril 2017, avant de rejoindre l'équipe de la Fondation Paradis des Indiens aux Abricots. Jean SPRUMONT a accompagné le lancement du projet de ses conseils avisés grâce à sa longue expérience des méthodes de construction haïtienne. 2.3. Critères de sélection des écoles bénéficiaires A Camp Perrin et Maniche, cinq critères ont été définis pour sélectionner les écoles bénéficiaires du projet parmi les 157 écoles des deux communes. Le caractère privé ou public de l'école, ainsi que son obédience, ont été exclus des critères de sélection. - L'effectif: Les grands établissements ont été privilégiées pour permettre à un maximum d'élèves de retourner rapidement à l'école dans de bonnes conditions. Les écoles pouvant accueillir des enfants déscolarisés des écoles voisines ont été privilégiées au démarrage du projet. - Le faible niveau de dégât et la qualité des fondations: Les restaurations rapides sur des structures saines ont été privilégiées pour accélérer la réouverture des écoles et la durabilité des travaux de restauration. Haïti Futur ne voulait pas par ailleurs prendre la responsabilité concernant les risques sismiques des constructions sur lesquelles l'association n'intervient que sur la toiture. - La distribution géographique: Quel que soit l'éloignement des centres-villes, les élèves de toutes les sections communales devaient pouvoir bénéficier du projet. - L'intervention d'autres organismes: L'effort de tous les organismes présents dans la zone devait se répartir au mieux sur les écoles endommagées. - La qualité de l'éducation: Mr Pierre JOLIVERT, inspecteur du district scolaire de Camp Perrin et Maniche, a évalué avec Haïti Futur le sérieux des établissements concernés. Aux Abricots, les dix écoles de la Fondation Paradis des Indiens sont susceptibles de bénéficier du projet d'Haïti Futur, en fonction des choix de la fondation pour l'attribution des chantiers aux organismes qui apportent leur soutien au plan de réouverture des écoles. 2.4. Principes de construction para-cyclonique appliqués aux écoles Les paragraphes suivants résument les principes généraux des constructions para-cycloniques appliqués au projet d'Haïti Futur. Cette liste n'est pas exhaustive. Ces principes se conforment aux préconisations du Code National du Bâtiment en Haïti (CNBH), ainsi qu'aux recommandations émises pour la réponse humanitaire, et aux guides de construction rédigés après le séisme de 2010 par l'USAID, Save The Children, CRAterre, la Croix Rouge Haïtienne, et la coopération suisse. Ces principes sont illustrés par les capsules vidéo réalisées dans le cadre du projet. A/ Mise en place d'un lien entre les murs et la charpente Pour transmettre les efforts de compression et de traction entre la toiture et les murs, une pièce en bois nommée « panne sablière » est fixée horizontalement au sommet des murs. B/ Modification du nombre de pans Une toiture à quatre pans permet de diminuer la pression du vent par un meilleur glissement de l'air. C/ Augmentation de l'inclinaison de la toiture Lors d'un ouragan, les toitures sont soumises à des forces de soulèvement importantes qui peuvent entraîner l'envol de la toiture. Une inclinaison de la toiture à 30° à 45° permet de réduire l'effet d'aspiration. D/ Amélioration des assemblages Dans une toiture para-cyclonique, toute pièce de bois mise bout à bout avec une autre est découpée de manière à créer des connections solides. E/Ajout de renforts métalliques Pour lier efficacement les éléments de la structure, il convient d'ajouter certaines pièces métalliques solidement fixées pour renforcer les connexions entre : - Les murs et les pannes sablières - Les pannes sablières et les traverses - Les traverses et les chevrons - Les chevrons et la faîtière F/ Remplacement des tôles L'utilisation de tôles trapézoïdales plus épaisses que les tôles classiques du marché, permet une durabilité accrue de la toiture. L'ajout de barres de fers plats sur toute la longueur du bâtiment permet de fixer solidement les tôles à la charpente. G/ Réduction des débords et séparation des extensions (galeries, auvents,...) Les débords et les extensions constituent autant de prise au vent qui pourront fragiliser une toiture lors du passage d'un ouragan. Pour limiter les risques, il convient de réduire la longueur des débords et de séparer les extensions qui, le cas échéant, pourront s'arracher sans endommager le reste de l'édifice. Exemple d'un débord de toiture important arraché par l'ouragan sur l'école MEBSH de Picot, à Camp-Perrin. Exemple de galerie séparée de la toiture à l'École Nationale de Bananiers, à Camp-Perrin. 2.5 Reprise de l'activité locale A travers ce projet, Haïti Futur vise également à soutenir la reprise de l'économie locale par la recherche de solutions locales. En effet, les compétences et les ressources humaines ou matérielles étaient présentes en Haïti malgré le passage de l'ouragan Matthew. Tous les contremaitres, les ouvriers et les manœuvres engagés sur les chantiers viennent des communes de Camp-Perrin et de Maniche dans le département du Sud, ou des Abricots dans le département de la Grande Anse. Grâce au partenariat avec le lycée professionnel des Arts et Métiers des Cayes (CDAM), ils ont bénéficié d'une formation professionnelle et d'une expérience concrète sur les techniques de construction para-cvclonique. Ces techniques de construction, facilement reproductibles, pourront être déployées tout au long de leur carrière. Les matériaux de construction sont achetés auprès de fournisseurs locaux, à l'exception des matériaux récoltés par Architecte de l'Urgence et de la Coopération au Canada. Le transporteur sollicité est aussi basé aux Abricots. Inauguration de l'école MEBSH de Picot réhabilitée à Camp-Perrin.   Élèves de l'École Évangélique de la Restauration à Toirac (Camp-Perrin), après les travaux de réhabilitation. 2.6 Synthèse des réhabilitations à Camp-Perrin et à Maniche

Après l'expérience du chantier-école de Picot, Haïti Futur s'est imposé un budget moyen de 7500€ par école pour répartir au mieux son effort sur les écoles de Carnp Perrin et de Maniche. On pourra retenir dans le cadre d'un projet ultérieur que le coût surfacique moyen direct s'est élevé à 42€/m2. 2.7. Participation au projet REBATIL aux Abricots Aux Abricots, dans le département de la Grande Anse, Haïti Futur et la Fondation Paradis des Indiens se sont associés en consortium pour mener le projet nommé REBATIL, pour la réhabilitation des écoles de la fondation, afin de disposer de bâtiments conformes et viables, permettant de rouvrir les écoles de manière durable. Par ailleurs, plusieurs organismes ont manifesté depuis l'ouragan Matthew leur soutien à la FDPi pour la prise en charge de la réhabilitation ou de la reconstruction de certaines écoles. Ainsi, la FDPI a revu ses ambitions à la hausse, en privilégiant parfois des reconstructions à des réhabilitations, pour tenir compte de problèmes fonciers qu'elle a rencontrés et pour tenir compte de l'apport de nouveaux partenaires qui voulaient qu'une école leur soit dédiée quitte à engager des travaux plus lourds de reconstruction. La FDPI communiquera ces éléments directement à la Fondation de France. Le projet REBATIL apporte ainsi une complémentarité aux interventions de ces organismes, la direction de la FDPI attribuant les travaux selon des critères et une logique interne. Elle a également acté la fermeture de certaines écoles. Enfin, Haïti futur veille aussi à ce que le plan de réouverture des écoles permette de redémarrer au plus vite les cinq installations de tableaux numériques de son programme d'enseignement. Dans ce consortium, Haïti Futur et la Fondation Paradis des Indiens ont mis en commun des ressources financières et humaines selon leurs movens et leur expertise. A/Volet financier Sur la base des expériences précédentes de la FDPI avec le contexte particulier d'éloignement des Abricots, et en s'appuyant sur l'analyse des coûts réalisés par Haïti Futur à Camp-Perrin et à Maniche, le coût unitaire de réhabilitation d'une école a été estimé en moyenne à 60$/m² (surcoût pour transport et coût de pilotage inclus). De même l'estimation, l'estimation des coûts de reconstruction d'une école, selon un modèle et un plan identique mais en appliquant les techniques de construction para-cyclonique est estimé à 240$/m² (surcoût pour transport et coût de pilotage inclus). B/ Volet technique et organisationnel Haïti Futur a structuré la partie organisationnelle et technique du projet REBATIL grâce à l'expérience de son projet mené à Camp Perrin et à Maniche. Haïti Futur a notamment : • Réalisé un bilan du passage de l'ouragan Matthew sur les bâtiments scolaires, du 14 au 17/11/16, (document disponible sur demande). • Participé aux Comités de Pilotage du projet REBATIL créés afin de valider les projet et de veiller à leur mise en œuvre. • Recruté et formé deux contremaîtres, originaires des Abricots, aux techniques de construction para-cyclonique, lors de la formation dispensée par le CDAM à Camp Perrin sur le chantier-école de Picot du 27/10/16 au 09/11/16. Les deux contremaîtres sont revenus à Camp-Perrin du 12/12/16 au 23/12/16 pour prolonger leur formation sur le chantier de réhabilitation de l'école CEBAC. L'un a été nommé contremaître sur les chantiers du projet REBATIL, et l'autre assistant de projet aux côtés du coordinateur de projet. • Recruté et formé l'ingénieur en Génie Civil Bazelet SAINT LOUIS, originaire des Abricots, en charge de la coordination du projet, grâce à deux mois de pratiques en Février et Mars 2017 sur le projet de réhabilitation des écoles à Camp-Perrin et Maniche. Après trois mois aux Abricots sur le projet REBATIL sous la responsabilité d'Haïti Futur, l'ingénieur est passé en Juillet 2017 sous la responsabilité directe de la FDPI. •Structuré l'équipe technique, en accord avec la FDPI, en définissant les rôles et les responsabilités: - du coordinateur de projet, - de l'assistant de projet, - du contremaître, - du logisticien, - du gestionnaire de stock. • Réalisé une étude de marché entre les principaux fournisseurs de matériaux de Jérémie, des Cayes et de Port-au-prince, puis contractualisé avec celui offrant les meilleurs atouts en termes de prix, de qualité des matériaux, de disponibilité du stock et d'implication dans le projet. • Réalisé l'étude technique préalable et le suivi de chantier des quatre premiers bâtiments réhabilités à l'école centrale à Digot, d'après les principes de construction para-cyclonique mis en place sur le projet à camp-Perrin et Maniche. La FPDI a mis à disposition du projet REBATIL son équipe administrative et financière afin de s'assurer de la bonne exécution des paiements et une gestion comptable transparente. Elle s'est assurée du lien avec les divers interlocuteurs (autorités locales, direction des écoles, prestataires locaux etc.) au nom du consortium. Depuis juillet 2017, elle a pris en charge la coordination technique du projet avec l'assistance technique d'Haïti Futur. Les écoles du groupe scolaire Paradis des Indiens après Matthew : 3. Capitalisation de l'expérience 3.1. Réalisation documentaire Au-delà des formations directes, il est important de capitaliser le savoir-faire accumulé. Un film documentaire Siklòn pap kanpe lekòl (en haut de cette page) sur la construction para-cyclonique et des capsules vidéo (dans la colonne de gauche de cette page) ont été réalisés par le documentariste Ralph Joseph Thomassaint, primé en 2014 lors du Prix Chaffanjon pour son reportage intitulé Islène quatre ans dans un camp sans deux mains. Ce documentaire et ces capsules vidéo sont des outils à disposition des écoles professionnelles. Elles seront également mises à disposition des télévisions locales comme outils de vulgarisation. Les capsules vidéo abordent les thèmes suivants : • Quel emplacement choisir pour construire son habitation ? • Quels arbres planter à proximité des habitations ? • Résumé des principes de construction para-cyclonique. • Les principaux éléments de la charpente. • Les assemblages en charpente. • Les éléments de renforcement des charpentes. • Les débords et les galeries. • La sécurité sur les chantiers. L'école nationale Saint Joseph, à Saut Mathurine (Camp Perrin), a été retenue pour le tournage des plans techniques du documentaire et des capsules vidéo. Ce chantier présente des travaux typiques du projet : chaînage à réaliser sur les mur, construction d'une charpente para-cyclonique sur un bâtiment en « L », couverture avec tôles et barres para-cycloniques. Les prises de vue ont été réalisées en mars et avril 2017. Une partie a été tournée grâce à un drone, offrants des angles de vue exceptionnels sur la géométrie de la charpent et de l'évolution du chantier. Images tournées à l'aide d'un drone par Ralph Thomassaint Joseph sur le chantier de l'école nationale Saint-Joseph à Saut-Mathurine (Camp-Perrin). Les images sont agrémentées d'animations graphiques permettant de représenter les éléments de charpente et de faciliter la transmission du message.

3.2. Savoir-faire des ouvriers en charpente Dans le cadre du projet, les contremaîtres et les ouvriers recrutés ont bénéficié d'une formation professionnelle et d'une expérience concrète acquise au fil des travaux de réhabilitation. Les mêmes équipes ont accompagné le projet depuis son lancement jusqu'à son terme. Ce savoir-faire pourra être mis en pratique tout au long de la carrière des charpentiers en Haïti. On a d'ailleurs vu pendant l'année l'un des charpentiers reconstruire la toiture de sa maison suivant les techniques appliquées dans le projet.

Sur le chantier de l'école Saint-Joseph à Saut-Mathurine...

On a pu remarquer également une forte curiosité de la population à l'égard des techniques mises en place, et nous avons vu ces techniques se diffuser dans les localités où Haïti Futur est intervenu. Par exemple l'école de Picot a reconstruit la toiture d'un bâtiment annexe selon les techniques utilisées sur le bâtiment principal. La toiture du centre de traitement du choléra aux Abricots a été reconstruite suivant les mêmes techniques.

5. Limites et perspectives


Dans le contexte exceptionnel provoqué par l'ouragan Matthew, Haiti Futur s'est lancé dans un projet inédit pour l'association visant à réhabiliter en extrême urgence un nombre important d'écoles endommagées. Parmi le spectre des actions d'urgence à mener, il était évident qu'Haiti Futur devait intervenir dans le secteur éducatif où l'association pourrait disposer des atouts liés à sa connaissance du milieu et son implantation ancienne. Dans ce secteur, les infrastructures scolaires constituent une nécessité avant d'envisager tout autre intervention.

Bien qu'Haiti Futur ne dispose pas à la base du savoir-faire pour réaliser ce projet de Génie Civil, l'implication de ses équipes sur place et leur connaissance de la société haïtienne a permis de recruter ou d'acquérir les compétences nécessaires, de mettre en place l'organisation adéquate au projet et de trouver des solutions aux obstacles rencontrés.

Sur le plan des infrastructures scolaires, ce projet entrepris en urgence, a permis de réhabiliter un nombre important de bâtiments scolaires dévastésen corrigeant leurs défauts initiaux de construction et en , appliquant des méthodes augmentant leur durabilité. S'ils sont entretenus, ces bâtiments resteront viables plusieurs décennies supplémentaires, et accueilleront des promotions d'élèves dans de bonnes conditions en les protégeant des intempéries fréquentes en Haïti.

Toutefois, Haiti Futur est conscient que ces travaux n'assurent pas une protection totale des élèves dans le contexte de catastrophes naturelles inhérent à Haiti. Les méthodes de construction para-cyclonique appliquées ne peuvent garantir une protection totale, notamment en cas d'impact sur la toiture d'objets lourds emportés par un ouragan, d'autant plus que la saison cyclonique 2017 a laissé supposer un accroissement de la puissance des ouragans lié au dérèglement climatique.

Par ailleurs, bien que Haïti Futur se soit attaché à travailler sur des bâtiments dont la structure était saine et solide, les techniques de construction para-cyclonique ne sont pas des techniques parasismiques, et ne peuvent garantir la résistance des bâtiments en cas de tremblement de terre. Des constructions parasismiques auraient nécessité de reconstruire intégralement les bâtiments depuis les fondations impliquant un planning et un budget tout autre pour ce projet d'urgence.

Les travaux réalisés ont été visités à plusieurs reprise par les officiers d'éducation d'UNICEF, qui ont félicité Haïti Futur pour la qualité des résultats obtenus.

Sur le plan éducatif, ce projet a renforcé l'implantation d'Haïti Futur dans les départements du Sud et de la Grande Anse où l'association menait déjà de nombreuses actions pour l'éducation, dont un vaste programme d'enseignement numérique.

Haïti Futur a choisi pour ce projet de ne pas réhabiliter toutes les écoles du programme numérique endommagées par l'ouragan Matthew. Plutôt que de disperser son effort dans des zones très distantes les unes des autres, Haïti Futur a concentré le projet de réhabilitation des écoles sur Camp-Perrin et Maniche, sites historiques de son action et aux Abricots en soutien à la Fondation Paradis des Indiens, avec qui Haïti Futur partage des liens très étroits. Cette concentration géographique a permis de gagner en efficacité et en coût, tout en laissant la place à d'autres organismes pour agir dans les zones de leur choix pour une meilleure répartition globale des efforts des uns et des autres.

Grâce à ce projet, les actions d'Haïti Futur sont ainsi mieux connues dans ces communes, et au niveau départemental, par les directions des écoles, les représentants du Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle, les autorités locales et la population, grâce à un travail reconnu pour sa qualité et mené en étroite collaboration avec toutes les instances.

Par ailleurs, en érigeant la qualité de l'enseignement comme un critère de sélection des écoles au projet de réhabilitation, Haïti Futur a amélioré sa connaissance des résultats pédagogiques de chaque école dans ces communes. Ces qualités permettront à plusieurs écoles d'intégrer le projet d'Haïti Futur lié à l'enseignement numérique. Des travaux sont déjà en cours dans ce sens.

La puissance destructrice de l'ouragan Matthew a également permis de mieux connaître la vulnérabilité des systèmes d'électrification solaire qui accompagnent la mise en place des équipements numériques.

Ainsi, le fond Valorem de solidarité aux victimes de l'ouragan Matthew a sélectionné le projet d'Haïti Futur pour la remise en état des installations électriques solaires aux Abricots. La volonté de Valorem de faire bénéficier Haïti Futur et la Fondation Paradis des Indiens de son ingénierie et de son expertise technique en conception des installations électriques solaires permet d'engager une réflexion pour améliorer l'ensemble des futures électrifications solaires des écoles du programme d'enseignement numérique.

Annexe 1 : Exemple de plans de structures des charpentes réhabilitées à Camp-Perrin

Cette annexe présente un type de plans de structures caractéristiques du projet et répliqués sur plusieurs écoles. Leur complexité est variable. Elles comportent des annotations à l'attention des contremaîtres.